17.06.2024

« Nous menons à bien tout le processus de due diligence pour les gérants »

Pierre-Yves Lécureux, fondateur et directeur de VMR Optimum SA, une plateforme de dette privée.

Pierre-Yves Lécureux a créé VMR Optimum pour régler quelques-uns des problèmes qu’il rencontrait comme GFI. Il met donc en relation aujourd’hui des émetteurs de dette privée et des gestionnaires de fortune, après avoir effectué en amont tout le travail d’analyse et de sélection.

Le magazine @Sphère l'a interviewé sur les raisons de la création de sa société et son modèle d'affaire.

Pourquoi avez-vous choisi de vous concentrer sur la dette privée ?
J’ai travaillé longtemps comme gérant indépendant. Dans ce rôle, je me suis rendu compte au fil des années que le nombre toujours plus important de retraités et la baisse inéluctable des rentes imposaient des alternatives aux propositions des caisses de pension. Les rentiers vont en effet avoir de plus en plus tendance à prendre tout ou partie de leur prévoyance sous forme de capital. Or, il se trouve que des solutions existent dans le domaine de la dette privée, en raison des primes de rendement qu’elle génère et de la diversification supplémentaire qu’elle apporte à la gestion de portefeuille.

Nous avons donc créé VMR Optimum pour mettre en relation des émetteurs de titres obligataires non cotés et des gestionnaires de fortune. Nous sélectionnons les émetteurs, nous les analysons et nous menons à bien tout le travail de due diligence, pour simplifier le processus d’investissement chez les gérants.

Sur quel type d’opérations, vous positionnez-vous ?
Nous voulons d’abord et surtout que les opérations envisagées soient associées à des sous-jacents bien réels. Les sociétés émettrices doivent avoir des activités tangibles. Il peut s’agir par exemple d’immobilier en Suisse ou en Allemagne, d’agroforesterie en Thaïlande ou de déploiement de panneaux photovoltaïques en Suisse et en Europe. Les gérants, de même que leurs clients, doivent se sentir à l’aise avec ces sous-jacents et comprendre immédiatement dans quels actifs sont investis leurs fonds. Ce côté tangible, très matériel, est pour VMR Optimum le critère majeur.

Il faut ensuite que l’émetteur recourt assez régulièrement à l’emprunt, de manière à développer de solides partenariats sur le long terme et à nous épargner des one-shots d’autant plus fastidieux qu’aucune suite ne leur est donnée.

Par ailleurs, il est essentiel que nos émetteurs soient sensibles aux dimensions ESG, qu’ils les intègrent aussi bien dans la conduite de leurs activités que dans les projets pour lesquels ils recherchent du financement. De notre côté, nous voyons bien que les investisseurs se concentrent de plus en plus sur ces aspects.

Et enfin, nous privilégions pour le moment les émissions libellées en francs suisses, quand bien même l’euro et le dollar sont disponibles.

Quels montants avez-vous pu lever à ce jour ?
Depuis maintenant un peu plus de trois ans que VMR Optimum existe, nous avons permis de produire un volume d’investissement qui atteint désormais les vingt millions de francs. Et nous sommes aujourd’hui en relation avec cinq émetteurs.

En termes d’investissements, où voyez-vous aujourd’hui les principaux blocages rencontrés par les gérants ?
Dans un monde en pleine transformation, la conduite du changement n’est pas forcément spontanée. Les gérants indépendants sont habitués – peut-être un peu trop – à se concentrer sur les actifs cotés. C’est leur zone de confort, et ils ont parfois du mal à en sortir. Il leur est difficile d’élargir le cadre, de sortir de leurs allocations habituelles. Ce n’est pas qu’ils manquent de curiosité ! Ils s’inquiètent surtout de la charge qui peut en résulter, en termes de compliance, d’audit ou de surplus administratif. Ils peuvent se créer assez vite des barrières virtuelles. Et c’est là où nous intervenons avec VMR Optimum. Nous les aidons à lever ces barrières, en leur simplifiant les processus d’investissement dans de nouvelles classes d’actifs.

Quels développements voulez-vous donner à VMR Optimum?
Depuis que VMR Optimum a été lancé, nous nous sommes concentrés avec nos partenaires sur le marché romand. D’ici la fin de l’année, nous voulons élargir nos contacts à l’ensemble du marché suisse, en nous rapprochant de Zurich comme de Lugano. C’est la prochaine étape que nous nous sommes fixés. A plus long terme, nous avons aussi envie de nous tourner vers l’Union européenne.

Pierre-Yves Lécureux est le fondateur de VMR Optimum, une plateforme de dette privée lancée en juillet 2021. Avant de créer VMR Optimum, il a travaillé pendant 25 ans dans le conseil financier et la gestion de fortune. Pierre-Yves détient un Master en sciences économiques de HEC Lausanne. Il a également obtenu deux certifications, de l’UNIGE et de la Swiss Banking School, en gestion quantitative de portefeuille en Wealth & Tax Planning
Copyright Magazine Sphère

Restez informé

Abonnez-vous à la newsletter et recevez des informations sur la finance, prévoyance et retraite.